Jusqu’à 40 % des emplois européens menacés par l’IA d’ici 2040 ?
Et si, d’ici 2040, un salarié européen sur trois n’était plus remplacé par un collègue humain… mais par une IA ?
L’horizon 2035-2045 : des prévisions chiffrées inquiétantes
L’irruption de l’intelligence artificielle et de l’automatisation fait planer le spectre d’un tsunami social sur l’emploi d’ici 2035-2045. De nombreuses études dressent un constat alarmant. En Europe, plus d’un emploi sur trois pourrait être menacé par l’automatisation. Le cabinet Forrester estime par exemple que 34 % des emplois européens présentent un risque d’automatisation d’ici 2040, avec 12 millions d’emplois pouvant être supprimés rien que dans les cinq plus grandes économies (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne) (unleash.ai). Certes, des créations de postes sont attendues (Forrester anticipe 9 millions de nouveaux emplois liés à l’économie verte sur la même période), mais cela ne suffirait pas à combler l’hémorragie (unleash.ai).
Cette tendance ne se limite pas à l’Europe. À l’échelle mondiale, le World Economic Forum (WEF) prévoit à court terme un solde négatif : 83 millions d’emplois détruits pour 69 millions créés d’ici 2027, soit une perte nette de 14 millions de postes en cinq ans (weforum.org). Et la vague ne ferait que commencer. D’après une étude de Goldman Sachs, près de 300 millions d’emplois dans le monde pourraient à terme être “exposés” à l’automatisation par l’IA, notamment via les modèles génératifs récents. Cela représente environ deux tiers des emplois en Europe et aux États-Unis qui seraient touchés dans une certaine mesure, et jusqu’à un quart des postes entièrement automatisables avec les technologies IA actuelles (lemonde.fr). De son côté, l’OCDE confirme que plus d’un quart des emplois (27 % en moyenne) dans ses pays membres sont dans des professions au haut risque d’automatisation, le plus souvent via l’IA – un ratio encore plus élevé en Europe de l’Est, plus industrialisée (reuters.com).
Pour mieux visualiser l’ampleur du choc anticipé, le tableau ci-dessous synthétise quelques prédictions marquantes sur l’horizon 2035-2040 :
| Source (année) | Horizon | Prédictions clés sur l’emploi |
|---|---|---|
| Forrester (2022) | 2040 (Europe – 5 pays) | 34 % des emplois menacés ; 12 millions d’emplois perdus (automatisation) ; 9 millions créés (économie verte) (unleash.ai). |
| World Economic Forum (2023) | 2027 (Monde) | 83 millions d’emplois supprimés vs 69 millions créés (–14 millions net), soit environ –2 % de l’emploi mondial (weforum.org). |
| Goldman Sachs (2023) | Années 2030 (Europe/USA) | Près de 2/3 des emplois exposés à l’IA ; 1/4 des emplois pouvant être entièrement automatisés par l’IA générative (lemonde.fr). |
| PwC (2018) | 2035 (OCDE) | Environ 30 % des emplois potentiellement automatisables à horizon 2035 (après trois vagues technologiques successives) (brusselstimes.com). |
| OCDE (2023) | Prochaine décennie | 27 % des emplois en moyenne à « risque élevé » d’automatisation (pic dans les pays d’Europe de l’Est) (reuters.com). |
Toutes ces projections, malgré leurs différences, convergent sur un point : l’impact de l’IA sur l’emploi s’annonce majeur et potentiellement brutal en Europe sur les 10 à 20 ans à venir.
Métiers et secteurs les plus menacés
Graphique : pertes et gains d’emplois par grand secteur économique dans les cinq principales économies européennes, d’après le rapport “Future of Jobs 2020-2040” de Forrester. La projection à 2040 (barres de droite) montre d’importantes pertes nettes (barres sous le zéro) dans des secteurs comme le commerce de détail, le transport, l’hébergement et la restauration, ainsi que dans l’industrie manufacturière. En revanche, certains domaines font exception : par exemple la construction apparaît en léger gain net, et les services professionnels ou l’administration publique semblent relativement épargnés, atténuant partiellement le bilan global.
Sans surprise, ce sont d’abord les emplois manuels ou administratifs routiniers qui subissent le plus la concurrence des robots et logiciels. Les études identifient en particulier plusieurs secteurs à haut risque d’ici 2035-2040 :
Commerce de détail, tourisme et restauration
Caissiers, vendeurs, réceptionnistes, employés de fast-food… Ces postes peu qualifiés et répétitifs figurent parmi les plus automatisables. Forrester anticipe que des secteurs entiers comme le retail, l’hôtellerie-restauration, les transports ou le loisir seront ceux où l’automatisation fera le plus de ravages d’ici 2040 (computerweekly.com). La généralisation des caisses automatiques, des commandes en ligne et des chatbots d’accueil illustre déjà cette tendance.
Transport et logistique
Chauffeurs routiers, livreurs, conducteurs de bus ou de taxis pourraient voir leurs métiers disparaître avec l’essor des véhicules autonomes et des systèmes de livraison automatisés. D’ici le milieu des années 2030, les voitures et camions sans pilote pourraient être déployés à grande échelle, éliminant le besoin de conducteurs humains sur de nombreux segments (brusselstimes.com). L’automatisation des entrepôts et l’usage de drones de livraison menacent également les emplois de magasiniers et de coursiers.
Industrie manufacturière
Dans les usines, la robotisation n’est pas nouvelle, mais l’IA de nouvelle génération (vision industrielle, robots autonomes) va encore accroître la substitution capital-travail. Les opérateurs de production et ouvriers d’assemblage voient leur effectif décliner continuellement, tendance qui va se poursuivre (mckinsey.com). D’après l’OCDE, de nombreux pays investissent massivement dans l’automatisation industrielle pour gagner en productivité, ce qui accentue la réduction des besoins en main-d’œuvre sur les chaînes de montage (computerweekly.com).
Services administratifs et comptables
Les cols blancs ne sont pas épargnés. Toutes les tâches de bureau répétitives ou basées sur le traitement de données sont désormais dans le collimateur de l’IA. Les emplois de secrétariat, de saisie de données, d’assistant administratif ou de comptabilité font partie des plus menacés par les logiciels d’IA capables de remplir formulaires, gérer la paie, comptabiliser des factures, etc. Les banques et assurances automatisent déjà une partie de ces fonctions (guichets automatisés, formulaires en ligne) et le Forum économique mondial classe les employés de bureau, guichetiers de banque, comptables et agents d’entrée de données parmi les profils en déclin le plus rapide sous l’effet de l’IA (weforum.org). On assiste ainsi à une érosion continue de la demande pour le personnel de support administratif et de service client (mckinsey.com), au profit d’assistants virtuels et d’agents conversationnels dopés à l’IA.
Professions qualifiées (finance, droit, médecine)
Plus récemment, l’IA générative a démontré sa capacité à accomplir des tâches intellectuelles avancées (rédaction de textes, génération de code, diagnostic, analyse juridique). Désormais, même des métiers hautement qualifiés pourraient basculer. L’OCDE avertit que nous sommes “au bord d’une révolution de l’IA” qui pourrait frapper des professions jusqu’ici préservées : « les secteurs de la finance, de la médecine ou du droit, qui requièrent de longues années d’études et d’expérience, pourraient soudain se retrouver à leur tour menacés par l’automatisation via l’IA » (theguardian.com). En d’autres termes, les cadres supérieurs, juristes, médecins, ingénieurs ou analystes financiers ne doivent plus se croire à l’abri : la dernière génération d’IA est désormais capable d’effectuer une part croissante de leurs tâches cognitives.
Les pays européens les plus exposés
L’impact de l’automatisation ne sera pas uniforme à travers l’Europe. Certains pays, de par la structure de leur économie, de leur démographie ou de leurs politiques, sont plus vulnérables face à la vague d’IA.
En Europe du Sud, par exemple, l’Italie et l’Espagne cumulent une forte proportion d’emplois peu qualifiés dans les services et le tourisme. Forrester note que les emplois routiniers représentent environ 43 % de l’emploi total en Italie et 42 % en Espagne – des niveaux bien supérieurs à la moyenne européenne (aux alentours de 31 %) (unleash.ai). À l’inverse, des pays comme le Royaume-Uni (où ces emplois ne font que ~31 % de la main-d’œuvre) ou la France (~34 %) apparaissent un peu moins exposés structurellement (computerweekly.com). L’Allemagne, avec son important secteur manufacturier, reste dans le haut du spectre (près de 38 % d’emplois « mid-skills » automatisables) (computerweekly.com). Le tableau ci-dessous compare la part estimée des emplois à tâches routinières (donc à haut risque d’automatisation) pour quelques grandes économies :
| Pays | Part d’emplois « routiniers » potentiellement automatisables |
|---|---|
| Italie | 43 % (unleash.ai) |
| Espagne | 42 % (unleash.ai) |
| Allemagne | 38 % (computerweekly.com) |
| France | 34 % (computerweekly.com) |
| Royaume-Uni | 31 % (computerweekly.com) |
Note : emplois « routiniers » = métiers mid-skill à tâches simples et répétitives, particulièrement susceptibles d’être automatisés (unleash.ai).
De manière générale, les pays d’Europe de l’Est risquent d’être les plus touchés, car leur tissu économique comporte encore beaucoup d’emplois industriels ou administratifs délocalisables. D’après l’OCDE, des États comme la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne ou la Tchéquie figurent parmi ceux où la part d’emplois exposés à l’IA est la plus élevée, tandis que des pays d’Europe du Nord comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Luxembourg apparaissent au contraire en bas de l’échelle (theguardian.com). Cela s’explique par une combinaison de facteurs : plus d’emplois manufacturiers dans les ex-pays de l’Est, moins de secteurs de haute technologie ou de services sophistiqués qu’au Nord, et parfois un retard dans la transition numérique qui concentre encore beaucoup de travailleurs sur des tâches manuelles.
Enfin, un facteur démographique vient nuancer ces projections : l’Europe va voir sa population active décliner d’ici 2040. Les cinq plus grandes économies européennes pourraient compter 30 millions d’actifs en moins en 2040 par rapport à 2020 (computerweekly.com), du fait du vieillissement. Ce recul de la main-d’œuvre disponible pourrait atténuer en partie le choc de l’automatisation (moins de jeunes cherchant du travail à absorber), mais il risque aussi d’accroître la pénurie de compétences dans les nouveaux métiers technologiques. Les pays seront inégalement armés face à ces défis selon leur dynamique démographique et migratoire.
Vers des pertes nettes d’emplois humains : un bilan sombre
Le bilan global qui se dessine est celui de pertes nettes d’emplois pour les humains, du moins à court et moyen terme. Certes, l’IA et la robotique créeront de nouveaux rôles – on parle déjà de postes d’« ingénieur prompt », de spécialiste en données IA, d’éthicien de l’IA, etc., sans oublier le boom des emplois liés à la transition écologique. Par exemple, Forrester prévoit la création de 9 millions d’emplois dans les énergies renouvelables et la rénovation verte en Europe d’ici 2040 (unleash.ai). Le World Economic Forum anticipe aussi des besoins accrus en spécialistes tech (+30 à +40 % d’analystes de données, d’experts en machine learning d’ici 2027) (weforum.org). Cependant, ces gisements de nouveaux emplois ne compenseraient pas numériquement les destructions à venir dans les fonctions plus traditionnelles.
De fait, de nombreux rapports pointent un solde négatif. Dans les cinq principaux pays européens, malgré les créations dans le vert et le numérique, on s’attend à une baisse nette de l’emploi : –3 millions d’emplois environ d’ici 2040 (scénario Forrester) en cumulant les pertes dues aux machines et les gains des nouveaux métiers (unleash.ai). À l’échelle mondiale, la tendance pourrait être encore plus marquée : le WEF prévoit –2 % d’emplois au total sur 2023-2027 (weforum.org), et à plus long terme certains économistes n’excluent pas une dégradation massive si l’IA atteint son plein potentiel sans régulation – on évoque jusqu’à 20 % à 40 % des emplois actuels pouvant disparaître d’ici le milieu du siècle, selon les scénarios les plus pessimistes.
Au-delà des chiffres brutaux, c’est aussi une transformation qualitative du marché du travail qui inquiète. Les emplois créés ne seront pas les mêmes que ceux détruits : ils exigeront en moyenne des qualifications plus élevées, des compétences techniques pointues ou une capacité à collaborer avec les machines. Le risque est donc celui d’un déclassement et d’une polarisation du travail : une minorité de travailleurs hautement qualifiés dans les emplois créés par l’IA, face à une majorité d’emplois peu qualifiés non délocalisables (aides à la personne, travaux manuels locaux), tandis que toute la couche intermédiaire des emplois moyens se réduit (mckinsey.com). Sans effort massif de requalification, des millions de travailleurs européens pourraient se retrouver en difficulté pour se reconvertir.
L’OCDE avertit qu’il y a une « nécessité urgente d’agir » pour accompagner ce bouleversement (theguardian.com). Investir dans la formation, adapter les systèmes éducatifs, faciliter les transitions de carrière et encadrer l’introduction de l’IA en entreprise seront cruciaux pour éviter un scénario catastrophe. Si rien n’est fait, l’Europe pourrait affronter d’ici 2035-2045 une crise de l’emploi sans précédent – une “génération ChatGPT” sacrifiée sur l’autel du progrès technologique. Le compte à rebours est lancé, et les décisions prises dès aujourd’hui détermineront si l’IA sera synonyme de renaissance économique… ou d’anéantissement pour le travail humain sur le Vieux Continent.
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